Lacock Abbey,
6 Septembre 1842
Chère Mlle Amélina
Ma mère et Horatie <1> sont partis hier pour Norwich où il y aura Musical Festival; de là elles vont à Garboldisham <2> entendre prêcher M. Montg. <3> et de là à Blickling chez Lady Suffield, <4> aussi chez Lord William Powlett &c. une tournée de 3 semaines. Constance et sa sœur aînée <5> doivent revenir ici après-demain, vous savez déjà peut être la perte douloureuse qu'elle a faite de sa sœur Laura, <6> dont la santé s'est affaiblie de plus en plus pendant les deux dernières années.
Son frère et Harriet <7> sont revenus il n y a pas longtemps de Florence et Rome. Caroline est toujours à Teplitz<8> - Elle vous à écrit à Brunoy, dit-elle, et n'a pas eu de reponse, et croit la lettre perdue. Son fils Charles <9> a été fort malade mais sa santé se rétablit maintenant. Lord Mt Edgcumbe <10> est bien portant pour lui et parait avoir passé son temps à Teplitz d'une manière assez agréable. La société y est excellente, des personnes charmantes et spirituelles dont leurs lettres sont remplies: de sorte que nous croyons les bien connaitre sans les avoir jamais vues. Avez-vous vû le Dr Lepsius <11> pendant qu'il fût à Paris? Je suis bien aise qu'il vous a remis mon paquet photographique en sûreté. Je me suis efforçé de lui enseigner la manière de les faire, et il porte avec lui en Egypte une quantité énorme de préparations Chimiques. Fera-t-il quelque chose? Nous verrons! Quant à l'affaire Calotypique, elle me parait d'une grande difficulté. Je ne pourrais poursuivre les contrefacteurs d'ici, la peine en serait trop grande. Je désirerais donc vendre le brevet d'invention en totalité, ou bien le droit d'en faire usage à Paris. Je le vendrais pour le tiers de la somme que l'acheteur pourrait en retirer en faisant valoir l'invention en France. En d'autres mots, je le vendrais pour le tiers de sa valeur - Et si cette valeur était connue, rien ne me serait plus facile que de trouver un acheteur - Mais en France on ne veut pas risquer son argent. Témoins vos chemins-de-fer qui ne font aucun progrès, et qu'on pourrait à meilleur titre appeler des chemins-à-faire.
Je crois que peutêtre une compagnie d'artistes voudrait l'acheter, et le garder pour euxmêmes - Avec cette espèce de monopolie ils pourraient faire beaucoup, et même publier de beaux ouvrages photographiques sur l'architecture, les antiquités &c. Cela dépasserait les forces d'un individu; mais un tel ouvrage serait facilement executé à frais communs par une société. Quelques uns, par exemple parcourraient les provinces à prendre les vues pittoresques, d'autres feraient multiplier ces vues à Paris et en soigneraient la publication. Dites-moi ce que vous pensez de cette idée.
Les Capitalistes, à Paris comme ailleurs, ont si peu de connaissances de ce genre, qu'ils ne pourraient pas en sentir la valeur, je crois - Autrement ce serait à eux que je m'adresserait de préférence, lorsqu'il s'agit d'une nouvelle spéculation qui parait devoir être bonne. Je vous ferai part de mes reflexions ultérieures si mon temps, qui est fort occupé maintenant, me permet d'y revenir avant d'avoir reçu votre reponse.
Croyez-moi, chère Mlle. Améline Toujours à vous,
H. F. Talbot
P.S. le 8 Septembre -. Chère Mlle A. - J'ai oublié de vous dire que j'ai eu soin de prendre le brevet d'invention avant de rien publier sur ce sujet. On pourrait bien, vendre les papiers, ou les liquides pour les préparer. Mais il me semble que cela ne vaudrait rien, car, peu de gens ont assez [illegible deletion] d'intelligence pour pouvoir s'en servir sans des explications nombreuses et réiterées - Il faut enfin quelqu'un pour en montrer l'usage, autrement il y a un embarras dont on ne se tire pas. Quand l'art sera plus repandu on s'aidera les uns les autres; à présent on s'adresse à moi personnellement pour savoir pourquoi on ne réussit pas. Par exemple, on m'écrit, nous avons suivi toutes vos directions avec la fidélité la plus minutieuse et il en est résulté absolument rien - Quelle en est la cause, Monsieur? nous désirons avoir votre opinion làdessus.
Croyez-vous que M. Chevalier <12> désirerait luimême prendre les portraits à Paris?
à Londres M. Collen <13> les prend avec ma license, et il réussit souvent fort bien. En cas qu'il le désire quel arrangement proposerait-il à ce sujet?
Aujourdhui j'attends Constance et sa sœur. Il pleut à verse et même bien davantage que cela, toute la nuit et toute cette matinée.
H.F.T.
Translation:
Lacock Abbey
September 6th 1842
Dear Miss Amélina
My mother and Horatia left yesterday for Norwich where there will be a Music Festival; from there they are going on to Garboldisham to hear Mr Montg. preach and from there to Blickling to Lady Suffield's house, and also to Lord William Powlett's &c., a 3-week tour. Constance and her elder sister should return here the day after tomorrow, you have perhaps already heard about the distressing loss of her sister Laura whose health weakened more and more over the past two years.
Her brother and Harriet returned a short time ago from Florence and Rome. Caroline is still in Teplitz - She wrote to you in Brunoy, she says, and has received no response, and believes the letter to have been lost. Her son Charles has been very ill but his health is recovering now. Lord Mt. Edgcumbe is in good health for him and seems to have spent some time in Teplitz in a most agreeable fashion. The company there is excellent, charming and spiritual people of whom their letters are full: such that we believe we know them well without ever having seen them. Did you see Dr Lepsius while he was in Paris? I am very pleased that he gave you my photographic package safely. I tried hard to teach him how to make them, and he has taken with him to Egypt an enormous quantity of chemical preparations. Will he do something? We shall see! As for the Calotype affair, it seems very difficult to me. I could not pursue the counterfeiters from here, the effort would be too great. I would therefore like to sell the patent for the invention in its entirety, or the right to use it in Paris. I would sell it for a third of the sum which the buyer could obtain by having it valued in France. In other words, I would sell it for a third of what it is worth - And were this value known, nothing would be easier for me than to find a buyer - However, in France people do not want to risk their money. Witness your railways, which make no progress whatsoever, and which would be better known as rail-no-ways.
I think that perhaps a company of artists would want to buy it, and to keep it for themselves - With this type of monopoly they could do a great deal, and even publish beautiful photographic works on architecture, on antiques, &c. This would be beyond the capabilities of an individual; however, such works could easily be produced using the joint funds of a society. Some members, for example, could travel through the provinces taking picturesque views, others would multiply these images in Paris and would take care of the publication. Tell me what you think of this idea.
The Capitalists, in Paris as elsewhere, have so little knowledge of such things, that they could not grasp their value, I believe - Otherwise I should from preference address myself to them, when I encounter a new speculation which would appear to be good. I will keep you current with my further reflections if my time, which is very well filled at the moment, allows me to return to the matter before having received your response.
Believe me, dear Miss Amélina Ever yours,
H.F. Talbot
September 8th.- Dear Miss A. - I forgot to tell you that I was careful to take out the patent for the invention before having published anything on the matter. We could well sell the papers, or the liquids to prepare them. However, it seems to me that this would not be worthwhile, since few people have the necessary intelligence to use them without numerous and oft-repeated explanations - In a word, we require somebody to demonstrate how the invention is to be used, otherwise we are in an awkward position from which there is no escape. Once the art is more widely known, people will be able to help each other, at present they address themselves directly to me in order to ask why they are not successful. For example, they write, we have followed all your directions utterly faithfully and absolutely nothing has resulted - What is the cause, Sir? We wish to have your opinion on the matter.
Do you think that Mr Chevalier would like to take portraits himself in Paris?
In London Mr Collen takes them with my permission, and he often succeeds very well. In case he desires to do so, what arrangement would he put forward on this matter?
Today I await Constance and her sister. It is pouring and even more than pouring, all night and all this morning.
H.F.T.
Notes:
1. Lady Elisabeth Theresa Feilding, née Fox Strangways, first m Talbot (1773-1846), WHFT's mother, and Henrietta Horatia Maria Gaisford, née Feilding (1810-1851), WHFT's half-sister.
2. A town near Norwich, East Anglia, UK.
3. Rev George Stephen Molyneux Montgomerie (1790-1850), close friend of Talbot family, artist, Rector of Garboldisham, near Thetford, Norfolk.
4. Probably Lady Emily (d. 1881), wife of Edward Harbord, 3rd Baron Suffield. Blickling Hall was near Norwich, Norfolk.
5. Constance Talbot, née Mundy (1811-1880), WHFT's wife. As the youngest child in the family, she had several older sisters.
6. Laura Mundy (1805-1842), WHFT's sister-in-law.
7. William Mundy (1801-1877), politician, WHFT's brother-in-law; ans his wife, Harriot Georgiana Mundy, née Frampton (1806-1886), WHFT’s cousin & sister-in-law.
8. Caroline Augusta Edgcumbe, née Feilding, Lady Mt Edgcumbe (1808-1881); WHFT's half-sister. Teplitz is now the spa town Teplice, in the Czech republic.
9. Charles Earnest Edgcumbe (1838-1915), JP, WHFT's nephew.
10. Ernest Augustus Edgcumbe, Lord Valletort, 3rd Earl of Mt Edgcumbe (1797-1861), WHFT's brother-in-law.
11. Dr Karl Richard Lepsius (1810-1884), German Egyptologist.
12. Charles Chevalier (1804-1859), optician, Paris.
13. Henry Collen (1800-1879), miniature painter, calotypist & spiritualist, London. He took out the first license WHFT for calotype portraiture, working from his existing studio near the present site of Selfridges in London.