Paris
le 8 Décembre. 1843
My dear Mr Talbot;
J'ai longtemps hésité à vous écrire, n'ayant rien que de très peu satisfaisant à vous annoncer au sujet de la Calotypie: je me flattais parfois aussi d'un retour d'énergie de la part de ces messieurs et craignais de vous donner trop tôt l'éveil sur leur compte: mais il paraît, d'après la lettre d'Horatia, <1> que leur extraordinaire silence vous a depuis longtemps fait voir ce que vous deviez attendre d'eux. Depuis près de trois mois ils avaient même cessé leurs travaux à l'atelier du Carousel: <2> chacun allait de son côté, vaquant à ses propres affaires, de la Calotypie, il n'en n'était pas question: le loyer de l'atélier n'était pas payé au grand chagrin de l'hotesse: le pauvre Chymiste, qui avait dû recevoir 100fr par mois, en était réduit à solliciter piteusement quelques pièces pour s'acheter une paire de souliers!... mon frère écrivait lettre sur lettre auxquelles on ne répondait même pas, enfin il fallut s'éxecuter et cédant sans doute à la menace, Mr de Solm <3> envoya de quoi solder le loyer dont on donna congé ainsi que le Chymiste Boursin Cependant depuis quelques jours Mr de Bassano est de retour ici. Il parle beaucoup de nouveaux essais sur la préparation du papier calotype et j'ai su, indirectement, qu'il voudrait parvenir à se faire donner à lui, un brévet d'invention d'un nouveau papier qu'il vendrait tout à son profit, sans qu'il se crût obligé de remplir envers vous les obligations auxquelles l'engage l'acte qu'il a passé avec vous devant notaire: je n'ai rien de certain à ce sujet: mais j'ai maintenant si mauvaise opinion de l'homme, que je le crois capable d'user de tous les moyens pour se soustraire à ses obligations: on le dit perdu de dettes et de mauvaises affaires: les moulins près de Tours appartenaient à Mr de Solm et non à lui: ils viennent d'être vendus, mais Mr de B. n'en sera pas plus riche pour cela. Ils parlent encore de mettre la société Calotype en actions de 500fr chaque; et de travailler avec les fonds qu'ils retireraient de cette manière; mais j'avoue que je ne puis conserver aucune espérance légitime, en voyant en quelles mains est tombée cette belle and ill fated invention! Il est bien à regretter que vous ayez fixé un aussi long délai de deux ans pour rentrer en posession de votre brévet, au cas de non-exploitation: six mois: comme on l'avait dit dabord, aurait résolu toutes les difficultés et vous seriez, dans quelques jours, le maître d'en disposer à votre gré; mais hélas! il est trop tard pour revenir sur l'irrévocable passé... Mr de B. a écrit à Mr Baring <4> pour le prier de mettre à la disposition de la société, deux petites chambres au haut de l'hotel de ce dernier place Vendôme et là, soi-disant, on va faire du papier, à force Voila toutes les nouvelles que je puis recueillir sur une affaire entreprise avec de si brillantes espérances et abandonnée presqu'aussi-tôt avec une légèreté et une incurie qu'on ne saurait trouver je crois ailleurs qu'en France! Vous dire la peine que j'en ressens est bien inutile; je m'étais identifiée à son succès tout en craignant l'inhabilité et le manque de bonne foi, je me flattais qu'au moins il en ressortirait une nouvelle gloire pour vous, par la publicité en ce pays.
Vous avez la bonté de vous intéresser, à ce que me mande Horatia, à la situation fâcheuse que vient de me créer la perte douloureuse de mon beau-père, et je ne puis bien vous exprimer tout ce que cette douce sympathie a de consolant pour moi, mais je me trouve dans un embarras où je ne vois aucune issue pour en sortir! - J'ai quitté Brunoy: j'ai desiré habituer ma mère à mes absences de quelques jours pour visiter mes connaissances ici: elle-même me dit parfois et m'écrit que nous ne pouvons vivre ensemble et cependant elle me rappelle bientôt auprès d'elle, ce que je ne puis tout-à-fait refuser: ainsi rien n'est arrangé: en attendant je conserve ici mon petit appartement: mais tout cela est précaire: elle parle en ce moment de venir se fixer à Paris: ce que je redoute infiniment parcequ'alors il me serait plus difficile encore d'éviter notre vie en commune enfin je ne vois aucun partie convenable pour me tirer de ce mauvais pas.
Ce que j'entends dire de la beauté et de la gentillesse de vos chers petits enfans <5> me donne un grand desir de les voir: j'ai dailleurs une nouvelle connaissance à faire avec un certain petit Charlie que l'on dit d'une innocence tout a fait irrésistible.
Vous aurez par ce temps-ci reçu sans doute votre nouvelle cousine Lady Shelburne, <6> dont la renommée en dit des merveilles ici comme à Londres: espérons que cette union satisfera toute la famille et lui assurera surtout un bonheur plus durable que le premier.
Adieu, cher Monsieur Talbot, croyez à l'affection bien sincère de votre dévouée
Amélina
On peut toujours adresser ici 22. Rue de Provence.
[envelope:]
Angleterre
To
W. Henry Fox Talbot Esqre
Lacock Abbey
Chippenham
Wilts
Translation:
Paris
8 December 1843
My dear Mr Talbot;
I hesitated a long time before writing to you, having nothing of any satisfaction to announce to you on the matter of the Calotype: I also sometimes hoped for a return of energy on the part of these gentlemen and feared that I would arouse your suspicions too quickly on their account: but it seems, according to Horatia's letter, that their extraordinary silence has meant that you have known for a long time what you should expect of them. For almost three months they had even stopped their work in the studio at the Carrousel: each of them went their own way, attending to their own business, the Calotype did not even come into question: the rent for the studio was not paid to the great sorrow of the hostess: the poor Chemist, who was to have received 100 francs a month, was reduced to pathetically soliciting a few coins to buy himself a pair of shoes!... My brother wrote letter upon letter to which they did not even reply, eventually it became necessary to act and, yielding doubtless to the threat, Mr de Solm sent enough to pay off their rent upon which they handed in their notice, just as they did the chemist Boursin Nevertheless Mr de Bassano has been back here for a few days now. He talks a good deal of new attempts at the preparation of calotype paper and I have learned, indirectly, that he would like to manage to get for himself, an invention patent for a new paper which he would sell entirely for his own profit, without feeling obliged to fulfil towards you the obligations to which the act passed with you before a notary would hold him: I have nothing certain on this matter: but I now have such a low opinion of the man, that I believe him capable of using any means to escape his obligations: he is said to be lost in debts and in bad business: these windmills near Tours belonged to Mr de Solm and not to him: they have just been sold, but Mr de B. will not be more rich because of it. They are still talking of putting the Calotype society in shares of 500fr a piece; and of working with the funds they would raise in this manner; but I confess that I cannot conserve any legitimate hope, seeing into which hands this beautiful and ill fated invention has fallen! It is most regrettable that you should have fixed such a long period of two years before you take possession of your patent, in case of non-usage: six months: as we had said to begin with, would have resolved all difficulties and you would be, in a few days, able to dispose of it at will; but alas! it is too late to go back on the irrevocable past... Mr de B. has written to Mr Baring to ask him to put at the disposition of the society, two little rooms at the top of the latter's hotel on the place Vendôme and there, allegedly, they will make paper, by force. That is all the news which I have been able to gather on a business undertaken with such brilliant hopes and abandoned almost immediately with a lightness and a carelessness that one could not, I think, find anywhere but in France! To tell you the pain I feel would be useless; I had identified myself with its success while fearing the want of skill and the lack of good faith, I flattered myself to think that it would at least lead to a new glory for you, through the publicity in this country.
You are so good as to take an interest, as Horatia sends word to me, in the unfortunate situation which has just been created for me by the painful death of my step-father, and I cannot express how much consolation this sweet sympathy brings me, but I find myself in an awkward situation from which I see no means of escape! - I have left Brunoy: I wished to make my mother accustomed to my absences of a few days in order to visit my acquaintances here: she herself tells me sometimes and writes to me that we cannot live together and yet she quickly calls me back to her side, which I cannot entirely refuse: thus nothing is settled: in the meantime I keep my little apartment here: but all of this is precarious: at the moment she talks of coming to live in Paris: which I dread infinitely because it would then be more difficult yet to avoid living together. Anyway I do not see any convenient means of extracting myself from this bad situation.
What I hear of the beauty and gentleness of your dear little children gives me a great desire to see them: besides I have a new acquaintance to make with a certain Charlie who is said to be of a quite irresistible innocence.
You will without doubt have received these days your new cousin Lady Shelburne, whose reputation speaks wonders of her here as in London: let us hope that this union will satisfy the whole family and will assure her a more lasting happiness than the first one.
Farewell, dear Mr Talbot, believe in the sincere affection of your devoted
Amélina
You can still write here 22 rue de Provence.
[envelope:]
Angleterre
To
W. Henry Fox Talbot Esqre
Lacock Abbey
Chippenham
Wilts
Notes:
1. Henrietta Horatia Maria Gaisford, née Feilding (1810-1851), WHFT's half-sister.
2. A photographic studio set up in the Place du Carousel, Paris, opposite the Tuilleres, by Hugues Antoine Joseph Eugène Maret, Marquis de Bassano (1806-1889), photographic entrepreneur, Paris.
3. Edouard de Solms, capitalist entrepreneur, joined Bassano, first in the Algerian mining venture, then in a colonization venture. See Nancy Keeler, 'Inventors and Entrepreneurs', History of Photography, v. 26 no. 1, Spring 2002, pp. 26-33.
4. Francis Baring, 3rd Baron Ashburton (1800-1868), MP. [See Doc. No: 04710].
5. Ela Theresa Talbot (1835-1893), WHFT's 1st daughter; Matilda Caroline Gilchrist-Clark, 'Tilly', née Talbot (1839-1927); WHFT's 2nd daughter, Rosamond Constance 'Monie' Talbot (1837-1906), artist and WHFT's 3rd daughter; and Charles Henry Talbot (1842-1916), antiquary & WHFT's only son.
6. Sir Henry Petty Fitzmaurice, Lord Shelburne, 4th Marquess of Lansdowne (1816–1866), MP and WHFT's cousin. He had married Lady Georgiana Herbert (1817-1841) on 18 August 1840, but she died on 28 February 1841. He married secondly, Hon Emily Jane Mercer-Elphinstone-de Flahault, Baroness Nairne (1819-1895), on 1 November 1843 at the British Embassy in Vienna.