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Project Director: Professor Larry J Schaaf
 

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Document number: 3817
Date: 24 Feb 1839
Recipient: TALBOT William Henry Fox
Author: BIOT Jean-Baptiste
Collection: National Science and Media Museum, Bradford
Collection number: 1937-4836
Last updated: 9th March 2012

Paris
le 24 fevrier 1839

Monsieur

Vos deux lettres datées des 20 et 21 courant <1> me sont arrivées ensemble, hier vers deux heures apres midi, le courrier qui portait la premiere ayant été probablement retenu à douvres par le mauvais tems. leur reception, quoiqu’en elle meme fort agreable, m’a mis d’abord dans quelque embarras. car je présumais bien qu’elles pouvaient contenir des indications relatives à vos recherches sur la photogénie; <2> or, à cette heure là, notre compte rendu <3> de lundi dernier, etant deja tiré en grande partie chez l’imprimeur, mais enfin il n’etait pas encore distribué au public; et, en outre, je venais de faire moi même, avec le papier de mr Daguerre <4> des expériences sur la radiation solaire diffuse, que je communiquerai demain à l’académie, et qui pouvaient s’être aussi présentées à votre esprit; de sorte que votre lettre en aurait pu contenir l’indication, ce qui nous aurait génés tous deux voici donc le parti que j’ai pris. C’etait ce jour là même, le samedi soir, que se rassembla une de nos societés scientifiques, bien connue de notre commun ami, sir John Herschell [sic], <5> et que l’on nomme la societé Philomatique; beaucoup de membres de l’académie en font partie, et elle est, en ce moment présidé par l’un d’eux, mr Milne Edwards. <6> Je m’y suis rendu comme à mon ordinaire, avec vos deux lettres que je n’avais pas encore décachetées. puis, après le procès verbal, j’ai exposé à la societé le sujet de mon embarras, deja devenu moindre parceque des exemplaires du compte rendu se trouvaient entre les mains de plusieurs personnes présentes, et j’ai demandé que le Président fut autorisé à ouvrir ces deux lettres, à en prendre une connaissance personnelle, et, dans le cas où elles contiendraient quelques [illegible deletion] indications de votre procedé, à constater le fait au procès verbal, et à parapher les deux lettres mêmes. j’ajoutais que si, en outre, vous y aviez inséré des experiences sur la nature de la radiation atmospherique diffuse faites avec votre sensitive paper, ou par tout autre procedé, on voulut bien me permettre de communiquer d’abord celles que j’avais faites moi même, et parapher les feuilles de mon registre d’experiences que j’avais apporté avec moi. Cette dernière précaution s’est trouvé inutile dapres le contenu de vos lettres; ainsi le President s’est borné a constater, et à dire publiquement qu’elles contenaient la position détaillee et complette de votre procedé, avec l’autorisation de le communiquer de votre part à l’academie; ce que je ne manquerai pas de faire demain. je ne doute pas qu’elle ne reçoive cette communication avec beaucoup d’intérêt; et, comme vous voulez bien mettre vos lettres à ma disposition, je crois ne pas aller contre vos désirs en demandant leur insertion aux comptes rendus, ce qui sera fait, et vu avec plaisir par tous nos confreres.

Vous ne vous etre [sic] remontré avec mr Daguerre que, pour le principe général du procédé, qui consiste à préparer le papier par l’application préalable d’un liquide. il en a essayé ainsi de toutes sortes, qui donnent des teintes, comme des Sensibilités différentes, et j’en ai distribué un grand nombre d’echantillons soit Lundi dernier à l’institut, soit hier aux membres de la Societe Philomatique. le liquide qu’il préfère à tout autre est l’ether hydrochlorique, ou chlorhydrique, faiblement acidifié par l’effet de la decomposition lente qu’il eprouve avec le tems. je Souligne cette condition parce quelle est indispensable, comme vous le concevrez aisement. il n’emploie pas, ou à peine la chaleur pour sécher soit l’ether soit le nitrate, elle serait nuisible. il emploie du papier sans colle ou collé legerement. le grand papier à imprimer des gravures, et que nous appelons ici, papier jésus, <7> est excellent pour cela comme je m’en suis assuré dapres son conseil.. d’ailleurs vous trouverez tous les details de cette preparation dans le compte rendu de lundi dernier dont je vous expédierai demain un exemplaire par la voie que je trouverai la plus convenable et la plus certaine. Si vous suivez exactement les procédés indiqués, vous verrez que l’on obtient un papier si Sensible, que hier même, par un tems de pluie et de Brouillards intense, la faible radiation de l’atmosphere venant du coté du nord, l’affectait en quelques instants, à travers un canon de cristal de roche enfumé de 21 millimetres de longueur.

au reste je ne pense pas que cette préparation de mr Daguerre puisse avoir un plus utile usage que de servir aux recherches Physiques, et lui meme n’en a pas non plus une autre idée. ayant abandonné dès longtems ce procé[end of word missing] pour le but d’art qu’il se proposait, il n’avait pas cherché à en fixer les teintes autrement que par le lavage à grande eau, qui ne réussit pas toujours, parceque le succès dépend de la pâte du papier employé. il conseille donc de le serrer et le presser dans un livre, de maniere que ni l’air ni la lumiere ne puissent circuler autour, surtout dans les premiers tems de sa preparation du reste le procédé dont il se sert actuellement pour ses tableaux n’a aucun rapport avec celui là, du moins à ce que mr Arago assure, et il est infiniment plus délicat encore, comme aussi plus sensible. L’action chimique qui forme l’empreinte est rigoureusement neutralisée; et la dégradation des tons aériens est conservée avec une fidélité incroyable. mais ces perfections concernent l’art. pour la Physique des papiers sensibles, comme le sien et le votre, (que je ne vais pas tarder un instant à employer aussi) sont des instrumens de la plus grande utilité. On vous devra donc beaucoup de reconnaissance, Monsieur pour avoir donné aux physiciens ce que de longues recherches vous avaient fait découvrir sur ce sujet; et je me trouve particulierement heureux et honoré, de ce que vous ayez bien voulu me choisir pour en faire la communication à l’academie. Je finis en hâte cette lettre, pour rediger mon memoire de demain, et je vous prie d’excuser le mauvais papier de la societe Philomatique sur lequel je vous ecris.

J’ai l’honneur d’être avec la plus haute consideration, Monsieur votre très humble et obeissant serviteur
Biot

Ce que vous mentionniez de mr Herschell [sic] me ferait Esperer qu’il quitte encore quelquefois ses demeures celestes pour redescendre à la chimie et à la physique terrestres, dont il s’occupait autrefois si serieusement et si habilement je le souhaiterais beaucoup pour mon Compte, et je voudrais bien pouvoir vous tenir ici avec lui pour vous montrer mes experiences de chimie optique, dont les applications commencent a s’etendre de sorte que je suis maintenant consulté comme un vrai chimiste. Je désirerais surement que ces procedés, qui peuvent rendre tant de services, soient plus pratiqués mais ils sont encore peu repandus et personne je crois en angleterre ne les a verifiés ou employés jusqu’ici.

[enclosure <8>]

Société Philomathique.

Extrait du procès verbal de la Séance du 23 février 1839.

Mr Biot dépose sur le Bureau deux lettres cachetées de Mr Talbot, en priant le président de les ouvrir et d’en prendre une connaissance personnelle; afin de constater la date des communications faites par ce Savant. Les lettres sont ouvertes par le président et paraphées par lui.

le Secrétaire. G. Delafosse <9>

le President. H. Milne Edwards

A Monsieur
Monsieur H. Fox Talbot, membre de la
société Royale de Londres &c &c,

no 44 Queen Ann Street
London
England


Translation:

Paris
24 February 1839

Sir,

Your two letters dated the 20th and the 21st instant arrived together yesterday around two in the afternoon, the first letter probably having been delayed at Dover by the bad weather. Although it was quite agreeable in itself to receive them, doing so initially caused me some embarrassment, because I presumed that they could contain information relating to your research on photogeny. Now, at that time, a good part of our compte rendu from last Monday had already been printed, but had not yet been made public. In addition, I had just used Mr Daguerre’s paper to conduct some experiments on diffuse solar radiation myself, which I will communicate to the academy tomorrow and which may also have occurred to you. Your letter could, thus, have contained information which would have embarrassed us both. Consequently, this is what I resolved to do. One of our scientific societies met on that same Saturday evening. It is called the Philomathic Society and is well known to our mutual friend, Sir John Herschell [sic]. Many of the academy members belong to the society, and it is currently presided over by one of their number, Mr Milne Edwards. I went there as usual with your two letters, which I had not yet opened. Then, after the minutes, I explained the reason for my embarrassment to the society. It had already diminished because several people present had copies of the compte rendu, and I asked that the President be authorised to open these two letters and to peruse them personally. If they contained information about your process, he was to record the fact in the minutes and to sign the two letters themselves. I added that if, in addition, you had included experiments on the nature of diffuse atmospheric radiation carried out using your sensitive paper, or any other process, I should be allowed to inform them first of the experiments which I had conducted myself, and to sign the pages of the register in which I record my experiments, which I had brought with me. This final precaution proved to be needless because of the contents of your letters. Consequently, the president confined himself to noting and stating publicly that they contained the detailed and complete position of your process, along with permission to communicate it on your behalf to the academy; which I will not fail to do tomorrow. I have no doubt that the academy will be very interested in this communication. As you are quite willing to put your letters at my disposal, I do not feel that I am going against your wishes in asking for them to be included in the minutes. This will be done, and will please all our colleagues.

You only disagreed with Mr Daguerre over the general principle of the process, which consists in preparing the paper with a preliminary application of liquid. He has tried all sorts of liquids, which produce tints as well as different sensibilities, and I have distributed many samples of paper, last Monday at the institute and yesterday to the members of the Philomathic Society. The liquid which he prefers above all others is hydrochloric or chlorohydric ether, which has been weakly acidified by the slow decomposition it sustains over time. I underline this condition because it is indispensable, as you will easily understand. He does not use, or barely uses heat to dry either the ether or the nitrate, which would be harmful. He uses paper without, or with only light sizing. The large paper designed for printing gravures, which we call papier jésus here, is excellent for that as I assured myself based on his advice. But you will find all the details of this preparation in last Monday’s compte rendu, of which I will send you a copy tomorrow by the most suitable and certain route. If you follow the appropriate processes to the letter, you will see that a paper is obtained which is so sensitive that even yesterday, when it was wet and very foggy, the weak radiation in the atmosphere coming from a northerly direction affected it within a few seconds through a cylinder of rock crystal 21 millimetres long.

Besides, I do not think that this preparation of Mr Daguerre’s can have a better use than to serve research in Physics and Daguerre himself has no other intention. Having long ago abandoned this process for the purpose of art which he had set for himself, he had not tried to fix the tints other than by washing the paper thoroughly, which does not always work because its success depends on the composition of the paper used. Consequently, he recommends pressing it firmly inside a book so that no air or light can circulate, particularly at the beginning of the preparation. Besides, the process which he is using at the moment for his pictures is completely different, at least according to Mr Arago, and it is far more delicate and sensitive. The chemical reaction which forms the imprint is thoroughly neutralised, and the shading of light tones is preserved with an incredible accuracy. But these improvements concern art. As far as Physics is concerned, sensitive papers, such as Mr Daguerre’s and your own (which I will not delay in using as well), are most useful instruments. Consequently, you deserve a great deal of gratitude, Sir, for having shared with Physicists what you had discovered after a long period of research into the subject. I am particularly happy and honoured that you should have chosen me to inform the academy of this. I am rushing to finish this letter, in order to draft my paper for tomorrow, and I hope you will excuse the poor quality of the Philomathic Society’s paper which I am using to write to you.

I have the honour to be, Sir, Your very humble and obedient servant.
Biot

Your comments on Mr Herschell [sic] would make me hope that he does still leave his celestial sphere from time to time in order to come back down to earthly chemistry and physics, to which he used to devote himself so seriously and so skilfully. Personally, I would very much hope that this is the case, and I would like to be able to have you both here to show you my experiments on optical chemistry the applications of which are beginning to become more widespread, so that I am now consulted as a true chemist. I would certainly like these processes, which can be of so much use, to be used more widely, but they are not used extensively yet, and I do not think that anyone in England has either checked or used them until now.

[enclosure]

Philomathic Society

Extract from minutes from the Meeting of 23. February 1839.

Mr Biot deposits on the Desk two sealed letters from Mr Talbot, asking the President to open them and to peruse them personally in order to record the date of statements made by this Scientist. The letters are opened by the president and signed by him.

Secretary. G. Delafosse

President. H. Milne Edwards


Notes:

1. Letters not located.

2. Photogenic drawing.

3. Comptes Rendus hebdomadaires des séances de l’ de l’Académie des Sciences.

4. Louis Jacques Mandé Daguerre (1787–1851), French artist, showman & inventor, worked with a sort of sensitive paper, which he found unsatisfactory, while he was pursuing the perfection of the Daguerreotype. The exact chemical makeup of this paper is unknown, as the details were never released.

5. Sir John Frederick William Herschel (1792–1871), astronomer & scientist.

6. Henri Milne Edwards (1800–1885), naturalist.

7. ‘Papier jésus’, paper of a large size (56 x 76 cm) favoured in France for lithographs and engravings.

8. This note is written in another hand and signed individually by each man.

9. Gabriel Delafosse (1796–1878), scientist.

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