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Project Director: Professor Larry J Schaaf
 

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Document number: 5916
Date: 06 Apr 1847
Recipient: TALBOT William Henry Fox
Author: BOUARD Alfred François
Collection: British Library, London, Manuscripts - Fox Talbot Collection
Collection number historic: LA46-117
Last updated: 14th March 2012

Paris
le 6 avril 1847.
Hôtel Wagram rue rivoli

Mon cher Monsieur.

Un voyage que j’ai été obligé de faire à deux reprises différentes en Touraine et puis aussi quelques jours de maladie assez grave, m’ont empêché de vous écrire aussi promptement que je l’aurais désiré. J’espère donc que vous voudrez bien m’excuser de mon long silence.

Je me suis présenté quatre fois chez Mr Arago, <1> à l’observatoire, sans pouvoir le rencontrer ou être reçu. L’un de mes amis, Homme Habile et très distingué, après avoir été inutilement deux fois chez lui, est enfin parvenu à le voir; il a eu avec lui une longue conversation, et tel en a été le résultat que je vous transmets sur les notes que cet ami, en qui j’ai la plus grande confiance, a faites aussitôt après sa visite à Mr Arago.

Mr Arago a reçu avec beaucoup de plaisir la grande épreuve que vous lui avez adressée et l’a examinée avec beaucoup d’intérêt. Puis, en venant à traiter la question, il a déclaré formellement qu’il n’y avait pas identité dans les divers procédés photographiques mis en usage en france depuis quelque temps et celui que vous employez. Mr Arago n’en a pas moins rendu pleine justice au mérite de votre découverte, mais il a prétendu qu’il y avait de très notables différences entre le système anglais et le système français. Ainsi, par exemple, le papier iodisé (de Mr talbot) reçoit une couche, une préparation antérieure; le papier de Mr Blanquard-Evrard <2>, de Lille, est fabriqué avec les ingrédients propres à la photographie et ces ingrédients diffèrent également de ceux employés par [illegible deletion] vous, bien qu’il y entre aussi, cependant, de l’acide-gallique. Mr Arago a ajouté qu’en cas de contestations judiciaires entre les divers brevetés, ou pour le cas où vous demanderiez une prolongation de Brevet, L’académie des sciences serait consultée, soit par les tribunaux, soit par les chambres, et que selon toute probabilité, il lui en serait référé. Eh bien! Mr Arago consulté ne pourrait pas s’empêcher de déclarer qu’il n’y a pas similitude dans les procedés mis en usage par vous et vos concurrents. Sur les objections élevées par mon ami, Mr Arago a passé en revue les diverses applications faites récemment en france de la photographie et est resté convaincu qu’il n’y avait pas plagiat.

Voici donc, Mon cher Monsieur, un premier point de fait complètement éclairci. Vos compétiteurs actuels ne se servent pas, selon Mr Arago, de vos procedés, de votre découverte enfin. Ce ne sont pas des contrefacteurs.

Restait à examiner la question de droit. Elle consistait à établir si, en France, le brevet d’invention, comme en Angleterre, conserve l’esprit de la découverte, si je puis m’exprimer ainsi, où s’il ne protège que la combinaison physique, la forme purement matérielle?

J’ai soumis cette question très grave, surtout en ce qui vous concerne, (car il n’est pas contesté que le premier vous avez pris en france un brevet pour les procédés photographiques), à l’un des avocats les plus compétents en pareille matière, de notre barreau de Paris. Je n’aurai son opinion écrite que dans quelques jours; mais, ainsi que j’ai eu l’honneur de vous le dire à Londres, je ne crois pas que cette doctrine si tutélaire pour les inventeurs, puisse être invoquée dans notre législation.

Avant de finir cette lettre, je dois ajouter que Mr Arago a promis, si vous vous adressez aux chambres pour demander une prorogation de brevet, <3> de prendre la parole pour rendre Hommage au mérite réel, incontestable de votre découverte. Il a même ajouté qu’il le ferait avec d’autant plus d’empressement qu’il y a quelque temps, il s’est trouvé en dissentiment assez vif avec vous, et que ce serait une occasion pour vous prouver qu’il n’en a conservé aucun souvenir. Quant à votre demande de prolongation, il ne pense pas que les chambres y consentent. D’abord, vos concurrents viendraient s’y opposer; et ensuite, sans vous l’affirmer bien entendu, mais il lui semble qu’en France on a fait de la découverte de Mr Daguerre <4> une chose en quelque sorte nationale et que par conséquent il est à craindre que cette disposition des esprits ne domine toujours dans l’appréciation des découvertes subséquentes qui se rattacheraient au même principe.

D’ici à quelques jours, je compte, mon cher Monsieur, vous écrire de nouveau et en attendant veuillez agréer l’assurance de mon entier dévouement
A. F. Bouard

Mr Talbot.


Translation:

Paris
6 April 1847
Hotel Wagram rue rivoli

My dear Sir,

A journey that I was obliged to make on two different occasions to the Touraine and then a few days of quite serious illness, have prevented me from writing to you as promptly as I would have desired. I hope therefore that you will forgive my long silence.

I went four times to Mr Arago’s, at the observatory, without being able to meet him or be received. One of my friends, a very distinguished clever man, after having been to see him twice in vain, finally succeeded in seeing him; he had a long conversation with him, and I am communicating the outcome to you in the following notes that this friend, in whom I have the greatest confidence, made immediately after his visit to Mr Arago.

Mr Arago was delighted to receive the large proof that you sent him and he examined it with great interest. Then turning to the question, he declared formally that the various photographic processes put to use in France for some time and the one used by you are not identical. Mr Arago nevertheless gave full recognition to the value of your discovery, but he claimed that there were very marked differences between the English system and the French system. So, for example, the iodised paper (of Mr Talbot) is coated in an earlier stage; the paper used by Mr Blanquard-Evrard, from Lille, is already made with the ingredients peculiar to photography and these ingredients differ from those used by you, although gallic acid is again involved. Mr Arago added that should there be legal disputes between the various patentees, or should you request an extension of your Patent, the academy of sciences would be consulted, either by the courts or by their chambers, and that most probably, the matter would be submitted to him. Very well! Mr Arago if consulted could not but declare that the processes used by you and your rivals are not identical. In response to the objections raised by my friend, Mr Arago reviewed the various applications of photography made recently in France and remained convinced that there was no plagiarism.

So there, My dear Sir, is a first point of fact entirely clarified. Your current competitors, according to Mr Arago, are not using your processes, or rather your invention. They are not counterfeiters.

The legal aspect of the question remained to be examined. This consisted of establishing whether, in France, the patent for an invention, as in England, protects the spirit of the discovery, if I may express myself in this way, or if it only protects the physical combination, the purely material form?

I submitted this very grave question, particularly with regards to you, (that you were the first in France to take out a patent for the photographic processes is not contested), to one of the lawyers most knowledgeable in such matters, from the bar in Paris. I will only have his written opinion in a few days’ time; but, as I had the honour of informing you in London, I do not believe that this doctrine, which offers so much protection to inventors, could be invoked in our legislation.

Before finishing this letter, I must add that Mr Arago promised, if you approach the chambers to request an extension of the patent, to speak up in order to pay Homage to the genuine and incontestable merit of you invention. He even added that he would do it all the more eagerly because some time ago he found himself in fairly fierce dissent with you, and this would be an opportunity to prove to you that the matter is now forgotten. With regards to your request for an extension, in his opinion the chambers will not consent. Firstly, your competitors would oppose this; and furthermore, although naturally he would not make such an assertion to you himself, it would seem to him that in France, Mr Daguerre’s invention has become something of a source of national pride and as a result one fears that this frame of mind could always affect the appreciation of subsequent inventions connected to the same principle.

Within a few days, I intend, my dear Sir, to write to you again and in the meantime believe me your most devoted servant
A. F. Bouard

Mr Talbot


Notes:

1. Dominique François Jean Arago (1786–1853), French physicist, astronomer & man of science, director of the National Observatory, Paris.

2. Louis-Désiré Blanquart-Évrard (1802–1872), photographer.

3. This patent for the calotype was taken out in the name of Moses Poole, the London patent agent, 20 August 1841, and transferred to WHFT’s name in 1843.

4. Louis Jacques Mandé Daguerre (1787–1851), French artist, showman & inventor.

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