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Project Director: Professor Larry J Schaaf
 

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Document number: 977
Date: 06 Jun 1822
Recipient: TALBOT William Henry Fox
Author: GERGONNE Joseph Diez
Collection: British Library, London, Manuscripts - Fox Talbot Collection
Collection number historic: LA22-23
Last updated: 26th January 2013

Montpellier,
le 6 Juin 1822

Monsieur,

Le contenu du présent numéro vous prouvera que j’ai reçu le petit article que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser; je vous prie d’être bien persuadé que je ferai toujours tout à votre service pour tout ce qu’il vous plaira de m’adresser à l’avenir, d’autant que les bons [illegible] sont assez rares.

J’avais déja remarqué, Monsieur, avant la reception de votre lettre, les singularités analytiques signalées par M. Fourier, dans son ouvrage sur la chaleur. <1> Quelque opinion qu’on puisse avoir sur cet ouvrage, considéré comme un ouvrage de physique (et il parait que beaucoup de géomètres ne lui sont pas très favorables sous ce rapport) il n’en demeurera pas moins très recommandable à raison des développements d’analyse qu’on y rencontre.

Ce que vous me faites l’honneur de me dire, Monsieur, du mémoire de M. Gauss <2> ne fait qu’ajouter à mes regrets. Nous avons ici une assez belle bibliothèque publique; mais elle est sous la direction de notre faculté de médecine qui met très peu de soin à completer ses grandes collections académiques; de sorte que je risque fort de ne pas voir de longtems le mémoire de M. Gauss. Nous n’avons pas même encore les Transactions philosophiques pour 1805, où se trouve dit-on un mémoire très remarquable de votre compatriote M. Young <3> sur l’action capillaire. Je desirerais d’autant plus de connaître ce mémoire que j’ai souvent réfléchi sur ce phénomène et que la théorie qu’en adonné [sic] M. Laplace, <4> en la supposant même exacte est assez peu intelligible. J’ai toujours pensé que M. Laplace aurait pris, comme l’on dit, le roman par la queue; que le phénomene le plus simple de l’action capillaire est sans contredit l’ascension ou la dépression d’un fluide indéfini contre une surface plane aussi indéfinie qui y est verticalement plongée; que par conséquent c’est là le fait qu’il faut d’abord soumettre à l’analyse; en passant ensuite successivement au cas de deux plans qui forment un angle, puis à celui de deux plans paralleles très voisins, puis à celui d’une surface prismique, puis enfin à celle d’une surface cylindrique d’un petit diamètre. Telle est du moins la marche que j’aurais essayé de suivre si mes occupations m’avaient permis d’aborder cette épineuse question.

Si jamais, Monsieur, vos gouts et vos loisirs, soit en France soit en Angleterre pouvaient vous appeler à faire du mémoire de M. Young un extrait suffisant pour que des géomètres tant soit peu intelligents pussent prendre une idée de sa maniere de procéder et suppléer eux mème à ce qui serait omis, je le publierais avec beaucoup de plaisir et de reconnaissance. J’ignore jusqu’à quel point cela pourrait être agréable à M. Laplace; mais comme il n’y aurait là rien de contraire à notre législation sur la presse, je m’en inquieterais assez peu. Quelque recommandable que puisse être un savant, je ne pense pas que le soin de ménager son amour propre doive l’emporter sur l’intérèt même de la science et sur l’avantage qu’elle peut retirer de la comparaison entre les diverses solutions d’un même problème.

Agréez je vous prie, Monsieur, l’assurance de
la plus sincère estime et considération de la part de
votre tout dévoué

J. D. Gergonne

En écrivant dernierement à Monsieur W. H Talbot, j’ai oublié de lui dire qu’il trouverait à Rome M. le Baron Maurice <5>, de Genève, associé libre de l’académie des sciences de Paris, géomètre très distingué et très accueillant avec qui je suis en relation depuis une douzaine d’années, à qui j’ai déja parlé de Monsieur Talbot et qui aura beaucoup de plaisir à faire sa connaissance. Il doit passer là l’hiver en famille, à raison de la santé de sa dame. J’ignore son adresse, attendu qu’on lui fait parvenir mes dépèches par la voie de Genève; mais pourvu que Monsieur Talbot rencontre un seul genevois dans Rome, il lui indiquera sans doute l’adresse de M. Maurice. Il me semble dailleurs que, dans quelque ville que ce puisse être, les étrangers, et surtout les étrangers de mérite, doivent être poussés les uns vers les autres, par une sorte de vertu attractive.

Je renouvelle à Monsieur W. H. Talbot, mes bien sinceres salutations

J. D. G


Translation:

Montpellier
June 6th 1822

Sir

The contents of the present issue will prove to you that I have received the little article which you did me the honour of addressing to me; I ask you to believe that I will always do everything to be of assistance to you in all that you choose to send me in the future, all the more so as good [illegible] are most rare.

I had already noted, Sir, before receiving your letter, the analytical peculiarities indicated by Mr Fourier in his work on heat. Whatever opinion one may have of this work, considered as a work of physics (and it appears that many geometers are not favourable to it in this respect) it nonetheless remains highly commendable due to the analytical developments to be found therein.

That which you do me the honour of telling me, Sir, regarding Mr Gauss’s work, only serves to add to my regrets. We have here a quite magnificent public library; however it is under the direction of our faculty of medicine which takes little care in completing its great academic collections; thus it is highly possible that I shall not be able to see Mr Gauss’s work for a long time to come. We do not even have the Philosophical Transactions for 1805 yet, in which, it is said, there is to be found a most remarkable work by your countryman Mr Young on capillary action. I should be particularly eager to become acquainted with this work as I have myself often reflected on this phenomenon and the theory given by Mr Laplace, even supposing it to be exact, is quite unintelligible. I have always thought that Mr Laplace has, as we say, got the wrong end of the stick; that the simplest phenomenon of capillary action is indisputably the ascension or the depression of an undetermined fluid against a flat, equally undetermined surface which is vertically immersed in it; that, consequently, this is the fact which should first be analysed; moving on then successively to the case of two planes which form an angle, then to that of two parallel and very close planes, then to that of a prismatic surface, and finally to that of a cylindrical surface of small diameter. In any case, such is the approach which I should have attempted to follow had my own occupations allowed me to tackle this thorny question.

Should you ever, Sir, have either the time or the inclination, whether in France or in England, to make of Mr Young’s work an extract which would enable geometers with a modicum of intelligence to gain an understanding of the method he adopts and to themselves add what may have been omitted, I should publish it with great pleasure and gratitude. I know not how pleasant this would be for Mr Laplace; but as there would be nothing therein which would be counter to our legislation on the press, I would not be overly concerned. However commendable a scientist may be, I do not think that the desire to spare his pride should come before the interests of science and the advantage which may be drawn from the comparison of different solutions to the same problem.

Please accept, Sir, the assurance of the most sincere esteem and consideration of your ever devoted

J D Gergonne

Upon writing recently to Mr W.H. Talbot, I forgot to tell him that he would find in Rome Baron Maurice of Geneva, member of the Académie des Sciences of Paris, most distinguished and hospitable geometer with whom I have been in relation for twelve years, to whom I have already spoken of Mr Talbot and who would be most pleased to make his acquaintance. He is to spend the winter there with his family, due to the health of his lady. I do not know his address, as I await for him to receive my dispatches in Geneva; but any inhabitant of Geneva Mr Talbot meets will doubtless be able to give him Mr Maurice’s address. Besides, it seems to me that, regardless of the town concerned, foreigners, and especially foreigners of merit, will be pushed towards each other, by some kind of attractive virtue.

Once again I reaffirm my sincere salutations to Mr W.H. Talbot

J D G


Notes:

1. Joseph Fourier (1768–1830), physicist and mathematician.

2. Karl Friedrich Gauss (1777–1855), German mathematician.

3. Dr Thomas Young (1773–1829), physicist & Egyptologist.

4. Pierre Simon Laplace (1749–1827), French mathematician and physicist.

5. Possibly Baron Maurice, Swiss mathematician and member of the Paris Academy.

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