Paris
le 7 mars 1840
Monsieur
Votre reproduction du psaume hébreu m’ayant paru tres intéressante, tant par elle meme que par l’utilite d’application qui en est la Consequence, je suis allé hier la montrer à l’un de nos plus celebres Orientalistes, mr Etienne Quatremere <1>, qui se trouvait en ce moment à la séance de l’academie des Inscriptions. il a été charme de sa nettete et de son exactitude. plusieurs autres personnes qui s’occupent d’arabe, de Persan, de Sanskrit, l’ayant vue dans ses mains se sont grouppées [sic] autour de nous, en confirmant ses eloges; et comme ils m’ont assuré que cela ne pourrait manquer d’interesser toute l’academie, j’ai demandé au president la permission de la presenter. elle a été accueillie avec une grande faveur; on en a pris note au procès verbal, et le président m’a publiquement chargé de vous en remercier au nom de l’académie, ce dont je m’empresse de m’acquitter avec un grand plaisir
Vous ajouteriez, je crois, une preuve en quelque sorte démonstrative de l’utilité de ces applications, si vous pouviez trouver dans vos riches collections de Manuscrits de Londres, quelque passage d’un papyrus ou d’un manuscrit ancien que vous copieriez de la même maniere, et que vous me donnerez l’occasion de montrer à nos érudits. cela n’ajouterait rien Sans doute au mérite du procedé, pour vous, ni pour moi, ni pour toute autre personne habituée aux sciences physiques; mais vous savez tres bien que, pour propager les verités les plus claires, il faut les exprimer à chacun dans le langage qu’il entend; et je ne doute pas que cette spécialité d’application ne frappat sensiblement les savans qui s’occupent de recherches d’antiquité. je n’hesite donc pas à solliciter de votre complaisance cette petite coquetterie en leur faveur. Je désirerais en outre, que pour me mettre en etat de faire valoir tout le mérite des divers dessins que vous m’annonciez, vous voulussiez bien joindre à leur date, l’indication du mode d’execution par lequel vous les avez obtenus; si cest par la chambre obscure, ou par superposition immediate; si c’est par l’action de la radiation solaire, ou par celle de la radiation diffuse; comme aussi quelles etaient les Circonstances atmospheriques, quel le était l’heure l’instant du jour, et l’etat du ciel. ces details, intéressans par eux memes, ne peuvent manquer de l’etre aussi par leurs conséquences physiques; et en guidant ceux qui voudront vous imiter. je prends aussi de nouveau la liberté d’insister près de vous, pour que vous y joigniez l’indication du procéde lui même qui vous reussit aussi bien. Voici que mr Bayard <2>, qui avait obtenu des epreuves directes, sur papier, dans la chambre obscure, avant que Daguerre <3> eut declaré sa methode, vient de publier la sienne dans le compte rendu de notre academie, pour la seance du 24 fevrier dernier. Cette méthode netait autre que [illegible deletion] l’application d’une solution d’iodure de Potassium sur un papier sensible, preparé par votre procede et prealablement noirci par la radiation, ce que mr Lassaigne <4>avait deja fait connaitre avant lui ce [illegible deletion] moyen d’obtenir les clairs et les ombres à leurs vraies places. mais mr Lassaigne, à ma Connaissance, n’avait jamais pu reussir ainsi qu’à reproduire des gravures par superposition immediate; et il avait toujours echoué a obtenir des dessins par voie directe, dans la chambre obscure. mr Bayard au contraire, les obtient et les obtenait ainsi, en prenant la précaution d’operer sur le Papier humide, et entretenu dans cet etat pendant l’operation. il n’a declaré cette modification essentielle que parcequ’il a vu que deux autres personnes mrs Verignon et Lebrun avaient trouvé ce secret, comme vous le verrez par le petite [sic] dessin dune statuette qu’ils m’ont donné, et que j’insere dans cette lettre. <5> vous aurez la preuve que le dessin est obtenu par l’iodure, en présentant un instant le revers devant le feu de votre cheminee; car il verdira aussitot, et cette teinte disparaitra par le refroidissement. mr Bayard à qui j’avais montré vos dessins a voulu leur faire subir cette épreuve; mais je ne l’ai pas permise, ne voulant pas laisser prendre ainsi d’induction sur votre procéde, tant qu’il ne vous aura pas convenu de nous le decouvrir. je n’ai pas besoin de vous dire qu’il ne faut pas juger le procédé dont il sagit par ce petit dessin de mrs Lebrun et Verignon que je vous envoie car ce sont des jeunes gens très peu à leur aise, et qui n’ont operé qu’avec des appareils très imparfaits n’ayant pas pu en avoir de meilleurs or la boîte [ternie?] des appareils, doit influer immensement sur les résultats.
Cette [illegible deletion] precaution [illegible deletion] d’employer le papier humide, et de l’entretenir dans cet etat pendant qu’on opere, avait eté remarquee aussi par Daguerre comme contribuant essentiellement au succès et cetait ce qu’il m’avait confié, mais que je ne pouvais decouvrir avant qu’il l’eut annoncé lui meme. il n’a pas voulu le faire et le voilà prévenu. il a même fait des Experiences extremement curieuses, sur les effets physiques de cette Condition; mais il ne les a pas non plus voulu dire encore ce qui m’oblige aussi au silence. il est tres malheureux pour les siences de voir un homme de cette sagacité, toujours porté à considérer ces résultats sous le Point de vue artistique, et non pas du tout pour la noble intention de contribuer au progres des decouvertes En general. mais j’ai renoncé à le prêcher sur ce point. Vous monsieur, qui etes dans une position sociale et Intellectuelle bien differente, je n’hesite pas à vous Solliciter instamment de nous faire jouir non seulement de vos jolis dessins, mais des procedes que vous avez decouverts, et dont d’autres jouiront par votre generosité.
Adieu monsieur, il me reste a peine assez de place pour vous offrir l’expression de tous mes sentimens
J. B. Biot <6>
A Monsieur
Monsieur H. F. Talbot, Membre de
la societe Royal de Londres &c &c
Lacock abbey
Chippenham
England
Translation:
Paris
7 March 1840
Sir,
Since your reproduction of the Hebrew psalm seemed very interesting to me, both in itself and because of the resulting usefulness in applying it, I showed it yesterday to one of our most famous Orientalists, Mr Etienne Quatremere. At the time, he was at the meeting of the académie des Inscriptions. He was delighted with its clarity and precision. Several other people who are interested in arabic, Persian and Sanskrit gathered round us when they saw him holding it, and reiterated his praise. Since they assured me that it could not but interest the entire academy, I asked the president for permission to present it. It was greeted with great favour. It was noted in the minutes, and the president asked me publicly to thank you on behalf of the academy, a duty which I hasten to perform with great pleasure.
I think that you would add proof which would in some way demonstrate of the utility of the applications if you could find a passage from a papyrus or an ancient manuscript in your rich collections of Manuscripts in London, which you would copy in the same way and give me the opportunity of showing to our scholars. This would doubtless add nothing to the merit of the process for either of us, or for anyone else who is familiar with the physical sciences; but you know very well that in order to disseminate the clearest truths, they must be communicated to each person in a language that he understands. And I do not doubt that this particular application would have a marked effect on the scientists who are engaged in the research of antiquity. Consequently, I have no hesitation in appealing to your kindness for this small trifle on their behalf. I would also like it if, in order that I might ensure a true appreciation of the full value of the various drawings of which you have told me, you were willing to add, in addition to the date, an indication of the means which you used to obtain them; whether you used the camera obscura or immediate superposition, if it was by the action of solar radiation or by that of diffuse radiation; what the atmospheric conditions were, the exact time of day and the state of the sky. These details, which are interesting in themselves, cannot fail to be so also because of their consequences for physics; and in guiding those who wish to imitate you. I am also taking the liberty once again of pressing you to attach the description of the process itself which is so successful for you. And now, Mr Bayard, who had obtained direct proofs on paper in the camera obscura before Daguerre had declared his method, has just published his method in our academy’s Compte Rendu for the meeting on the 24th of February. This method is none other than the application of a Potassium iodide solution on a sheet of sensitive paper, which was prepared according to your process and darkened beforehand by radiation. Mr Lassaigne had already made this method of obtaining light and shade in their natural positions known before him. But, to my knowledge, Mr Lassaigne had only ever managed to reproduce engravings by immediate superposition; and he had always failed to obtain drawings directly in the camera obscura. Mr Bayard, on the other hand, obtains and had obtained them in this way, by taking the precaution of working on damp paper, which is kept in this state during the operation. He only declared this essential modification because he saw that two other people, Messrs Verignon and Lebrun had found this secret, as you will see from the small drawing of a statuette which they have given me and which I am enclosing with this letter. It will prove that the drawing is obtained by iodide, when the reverse is presented for an instant to the fire from your hearth. For it will turn green immediately and this tint will disappear when it cools down. Mr Bayard, to whom I had shown your drawings, wanted to subject them to this test, but I did not allow it since I did not want to allow your process to be deduced as long as it does not suit you to disclose it to us. I need not tell you that the process in question must not be judged by Messrs Lebrun and Verignon’s small drawing which I am sending you because they are young people who are far from wealthy and who have only worked with very imperfect equipment, since they could not obtain better ones. Of course, the quality of the equipment must have an immense effect on the results.
This precaution of using damp paper and of keeping it in this state during the operation was also noticed by Daguerre as essential for its success, and this is what he had confided to me, but which I could not disclose before he had himself made it public. He did not wish to do so and now he is warned. He has even conducted some extremely curious experiments on the physical effects of this condition, but he did not yet wish to talk about them either, which also forces me to remain silent. It is very unfortunate for science to see a man of such wisdom always led to consider these results from an artistic point of view, and never with the noble intention of contributing to the general progress of discoveries. But, I have given up the idea of preaching to him on this point. I do not hesitate in appealing to you, Sir, who are in a very different position socially and intellectually, to let us enjoy not only your delightful drawings but also the processes which you have discovered and from which others, through your generosity, can benefit.
Farewell, Sir, there is barely enough space for me to express my good wishes
J. B. Biot
To Mr H. F. Talbot,
Member of the Royal Society of London &c. &c.
Lacock Abbey
Chippenham
England
Notes:
1. There are five known WHFT negatives of a Hebrew version of Psalms 149 and 150 or 150 alone: Schaaf 506, 507, 508, 509 and 3660, along with several prints from these. The original printed text is numbered 'XXII' and on some copies 'p. 149' is shown. Étienne Marc Quatremère (1782–1857), a classical scholar and antiquary, was elected member of the Academie des Inscriptions in 1815.
2. Hippolyte Bayard (1801–1887), photographic inventor.
3. Louis Jacques Mandé Daguerre (1787–1851), French artist, showman & inventor.
4. Jean Louis Lassaigne (1800–1859), chemist.
5. This image is in the Smithsonian Collection 1995.0206.263, signed verso ‘Vérignon et Lebrun, 25 February 1840’. Neither Verignon nor Lebrun have been identified.
6. Jean-Baptiste Biot (1774–1862), French scientist.