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Project Director: Professor Larry J Schaaf
 

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Document number: 9449
Date: 26 Nov 1868
Dating: corrected from 25th
Recipient: TALBOT William Henry Fox
Author: PETIT DE BILLIER Amélina
Collection: British Library, London, Manuscripts - Fox Talbot Collection
Last updated: 17th February 2012

Venise
le 25 Novembre 1868

Mon cher Monsieur Talbot

J’ai été bien surprise en lisant les premiers mots de votre dernière lettre: “Charlie Edgcumbe is going to Australia! Qui l’aurait cru possible qu’il put s’eloigner autant de sa mère et de son pays pour une aussi longue période! La pauvre Caroline doit ressentir vivement cette absence, je le crains; espérons donc qu’elle ne durera guère plus d’une année.

Je vous remercie infiniment pour votre aimable lettre à laquelle j’aurais répondu plus tôt si j’avais eu quelque chose d’interessant à écrire, mais notre vie toute uniforme n’offre que bien peu d’incidents à noter: il n’y a de nouveau ici que le mauvais temps; Les neiges des montagnes environnantes nous font ressentir un air glacial contre lequel on se garantit imparfaitement dans ce grand Palais; cependant nous n’en souffrons pas: même Madame Talbot qui peut sortir toutes les fois que le soleil brille et marcher un peu dans la place.

J’ai commencé cette lettre hier, par un temps qui méritait bien tout le mal qu’on en pouvait dire, car au froid avait succédé un [sic] journée complétement pluvieuse, mais aujourd’hui tout est changé: l’air est d’une douceur molle dont les Vénitiens se plaignent toujours – nous sommes toutes sorties pour jouir du Scirocco que pour ma part j’aime beaucoup.

Nous avons eu dans cet Hotel Mr, Mme Abbott et une dame de leurs amies. Mr Abbott a joui on ne peut plus de tous les beaux objets dont il est si amateur, en fait de tableaux, dessins et architecture Bysantine, et, après un séjour de trois semaines, ils sont partis lundi dernier pour Florence, Rome, Naples, &c nous les regrettons, car ce sont des personnes d’une société douce et agréable. A présent nous avons, mais non dans cette maison, Sir Robert, Lady Arbuthnot et leur fille, non mariée, soeur de Mr Maike[?] of Chittoe: Ce sont les premières connaissances que nous fîmes à Edinburgh Nous ne les avions pas vus depuis treize ans qu’ils sont à courir le monde. Ils doivent rester ici un mois ou deux. Sir Robert qui y a été il y a quatre ans, est très-frappé de l’heureux changement qui s’y opéré, en animation, mouvement, commerce, air de vie si différent de l’extrême langueur des temps Autrichiens; le commerce surtout fait chaque jour des progrès et nous voyons arriver d’énormes Steamers de New York, Alexandrie, Glasgow, Londres & & tout chargés de marchandises. Parmi les hôtes princiers, nous avons eu l’agréable Prince Othon, père du Roi de Bavière. C’est un tout jeune homme, fort bien élevé, simple et accueillant. Il était placé près de moi à la table d’hôte et nous avons bien vite fait connaissance nous l’avons engagé un soir à venir chez nous avec son aide de camp et au départ il n’a pas manqué de nous envoyer ses cartes. Il retournait à Munich. Ces Princes étrangers sont en général d’une extrême simplicité de manières, ne dédaignant même pas la table d’hôte.

Le Docteur Namias<1> est venu, en visite amicale et nous a engagées à ses soirées du samedi où il réunit des savans et littérateurs, mais le temps trop froid le soir nous a jusqu’ici empêchées d’y aller. Le froid à Milan a dit-on, été intense; le reste de l’Italie a peu près de même: Naples a son tour avec une extraordinaire éruption du Vésuve: nous ne sommes donc pas plus mal ici qu’ailleurs, d’après ce que nous entendons dire de tous cotés et nous nous portons tous bien, Mme Talbot a diné hier à la table d’hôte pour premiere fois, mais aujourd’hui elle reste chez elle se plaignant qu’il faisait trop chaud dans cette salle. Rosamund a presque terminé son petit tableau d’après Canaletti: elle y a travaillé avec un courage et une perséverance que la course assez longue d’ici à l’Académie et le froid des ces grandes galeries n’ont pu diminuer. Ela a fait des progrès dans ses peintures de fleurs: Elle fait en ce moment une jolie branche des graines du Lilas de l’Himalaya: mais du reste il n’y a pas grand’ chose à faire.

Ce soir nous allons à l’opéra pour entendre le Matrimonio Segreto après lequel on exécutera plusieurs morceaux de Rossini en commémoration avec diverses allusions et hommages rendus à ce grand génie musical de notre siècle: –

Il paraît que les Eléctions sont à peu près terminées et que les tories l’aient emporté là où l’on ne l’aurait jamais cru! à Westminster, the City, Manchester & & On ne sait en vérité si l’on doit le déplorer dans les temps d’ultra democratie où nous vivons…

Que de morts illustres depuis quelque temps: et voilà le pauvre Lamartine dans un état dit-on pire que la mort.

Le Prince de Galles a bien failli périr dit-on dans cette chasse: quel évènement ç’aurait été que la mort de l’héritier de la couronne d’Angleterre pendant ces fêtes en France!

Nous attendons Charles, mais pour mon compte je regrette infiniment qu’il vienne tard; il ne jouira qu’à moitié des charmes de Venise. Pourvu qu’il ne soit pas désappointé, car il est si difficile en architecture!… Il ne fait pas mention de l’époque de votre départ: il me semble que la solitude de l’Abbaye doit commencer à vous peser dans cette triste saison. On me charge de mille choses pour vous et croyez-moi votre bien affectionnée
Amélina P


Translation:

Venice
25 November 1868

My dear Mr Talbot

I was most surprised to read the first words of your last letter: “Charlie Edgcumbe is going to Australia! Who would have believed it possible that he might take himself so far from his mother and from his country for such a long period! Poor Caroline must feel this absence deeply, I fear; let us hope that it will not last much more than a year.

I thank you infinitely for your pleasant letter to which I would have replied sooner had I had something interesting to write, but our quite uniform life offers but little incident of note: there is nothing new here but the bad weather; The snows of the surrounding mountains make us feel a glacial air against which we protect ourselves imperfectly in this great Palace; nevertheless we do not suffer from it: even Mrs Talbot who is able go out every time the sun shines and walk a little in the square.

I began this letter yesterday, by weather which deserved all the ill one could say of it, for the cold had been followed by a completely rainy day, but today everything has changed: the air is of a soft gentleness about which the Venetians always complain – we all went out to enjoy the Sirocco which, for my part, I greatly like.

We had in this Hotel Mr, Mrs Abbott and a lady friend of theirs. Mr Abbott enjoyed as much as possible all the beautiful objects of which he is such a lover, in terms of paintings, drawings and Byzantine architecture, and, after a stay of three weeks, they left last Monday for Florence, Rome, Naples, &c we miss them, for they are people of gentle and agreeable company. At present we have, but not in this house, Sir Robert, Lady Arbuthnott and their daughter, unmarried, the sister of Mr Maike[?] of Chittoe: They are the first people whose acquaintance we made in Edinburgh. We had not seen them for thirteen years which they have spent running around the world. They are to stay here for a month or two. Sir Robert who was here four years ago, is very struck by the happy change which has occurred here, in animation, movement, trade, an air of life so different from the extreme languor of Austrian times; trade in particular makes progress each day and we see enormous Steamers arriving from New York, Alexandria, Glasgow, London &c &c laden with merchandise. Among the princely guests, we have had the agreeable Prince Othon, father of the King of Bavaria. He is a young man, most well brought up, simple and welcoming. He was seated next to me at the high table and we very quickly became acquainted. We invited him to come to our house with his aide-de-camp one evening and upon his departure he did not fail to send us his cards. He was returning to Munich. These foreign Princes are, in general, of an extreme simplicity of manners, and do not spurn even the high table.

Doctor Namias came, on a friendly visit and invited us to his Saturday evening meetings at which he reunites learned people and men of letters, but the weather has been too cold in the evenings and has thus far prevented us from going. The cold in Milan, it is said, is intense; the rest of Italy has about the same: Naples has its turn with an extraordinary eruption of Vesuvius: we are thus no worse off here than elsewhere, according to what we have heard from all sides and we are all well, Mrs Talbot dined at the table-d'hôte for the first time yesterday, but today she stayed at home complaining that it was too warm in this room. Rosamund has almost finished her little painting after Canaletti: she has worked at it with a courage and a perseverance which the quite long journey from here to the Academy and the cold of these great galleries have not diminished. Ela has made progress in her paintings of flowers: At the moment she is doing a pretty branch of seeds of the Himalaya lilac: but for the rest there is not much to do.

This evening we are going to the opera to hear the Matrimonio Segreto after which a number of pieces by Rossini will be played in commemoration with various allusions and tributes paid to this great musical genius of our century: –

It seems that the Elections are almost finished and that the tories have won where we would never have expected them to do so! in Westminster, the City, Manchester & & One knows not in truth whether one should deplore it in the times of ultra democracy in which we live… So many illustrious deaths lately: and now poor Lamartine, it is said, is in a state worse than death.

The Prince of Wales almost died, it is said, in this hunt: what an event the death of an heir to the throne of England would have been during these festivities in France!

We await Charles, but for my part I regret infinitely that he should come late; he will only half enjoy the charms of Venice. I hope that he will not be disappointed, he is so difficult when it comes to architecture!… He makes no mention of the date of your departure: it seems to me that the solitude of the Abbey must be starting to weigh on you in this sad season. I am entrusted to give you a thousand regards and believe me your most affectionate

Amélina P


Notes:

1. Dr Giacinto Namias, the head of the Women’s Section of the Venice Hospital, was known for his advocacy of the health benefits of bathing. Assisted by his multi-lingual assistant, Dr Levi, he was recommended in traveller's handbooks as the best person for foreigners to consult.

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